20 juin 2008

Les tarelares ?

Je suis enchanté qu'un des quelques outils que j'ai mis en place trouve enfin une application réelle, rapide et efficace. Alors je partage...
J'ai reçu un mail de chercheur me demandant en substance si je savais ce qu'étaient les tarelares, semble-t-il des monnaies mentionnées dans l'inventaire après décès de Guillaume Dufay (XVe siècle).

Voici ma réponse, qui détaille aussi la recherche (succincte). J'ai dû la rédiger en anglais, mais pour vous épargner les fautes de langues, je la retraduis ici dans l'autre sens :
"J'ai utilisé une recherche particulière de Google Book Search, en sélectionnant une liste de livres autour de la numismatique (fonction "Ma Bibliothèque", 169 livres actuellement)
[Rq : la bibliothèque en question est interrogeable directement sur ce blog, dans la colonne de droite].
En cherchant "tarelares", on tombe sur le livre Recherches sur les monnaies des comtes de Namur, p. 110-111, et le mot est utilisé aussi ailleurs (p. 106 et suiv.).
On y apprend par exemple que
"Dix-sept tarelares égalaient alors 18 plaques de Flandre." (p. 106)
"Dupont, marchand et bourgeois de cette ville, pour le terme de trois ans, à commencer à la Noël suivante .
Dupont entra en fonctions le 4 août 1423, et fabriqua, depuis cette date jusqu'au 26 juin 1424 :
1° Des doubles gros nommés tarelares à 5 deniers d'aloi et de 4 sous 2 deniers de taille au marc;
2° Des demi-tarelares à 4 deniers 4 grains d'aloi et de 7 sous 1 denier
de taille;
3° Des doubles mites à 4 grains d'aloi et de 12 sous de taille.
Les doubles mites se nommaient doubles wihots; 18 de ces pièces avaient cours pour une tarelare ou un blaffart." (p. 107)

Mais à première vue l'auteur (Reiner Chalon) n'a trouvé aucun exemplaire de cette monnaie, puisqu'il écrit (p. 114) : "En 1425, 6 tarelares de Namur sont pris pour 7 plaques de
Flandre. Il est impossible de supposer que ces pièces étaient d'un type identique."
(la plaque est aussi appelée double gros).
Peut-être quelqu'un a-t-il plus d'infos sur ces tarelares ? Moi, je n'ai pour le moment aucune documentation plus récente (le livre date de 1860) sur ces monnaies.

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13 juin 2008

Denier inédit de Langres ?

Junioricus publie sur son site un denier trouvé en janvier dernier (cf. ce forum) qui me laisse extrêmement perplexe.
Voir la photo de l'exemplaire

Description :
+ XPTS VINCIIT II.S sous -- , dans un grènetis.
R : + LIIICONIS CIV PE Croix pattée dans un grènetis.
Pour l'occasion, voici ma monographie sur l'atelier de Langres (2004) et ci-dessous les planches correspondantes.



Il semblerait que ce soit la monnaie la plus ancienne connue émise à Langres (IXe siècle, donc).
Ce qui est étonnant, c'est la coïncidence dans cette pièce entre :
  1. un denier inédit
  2. la monnaie la plus ancienne d'un atelier
  3. des inscriptions sans équivalent ni par la suite, ni ailleurs.
L'inscription dans le champ du droit, IIS, devrait se transcrire sans difficulté par IHS, monogramme pour IHESVS (cela dit, pourquoi pas IOHANNES...). Mais je ne connais pas d'exemple aussi ancien d'utilisation du nom de Jésus (extrêmement rare !) sur des deniers médiévaux. Les monnaies sont généralement beaucoup plus métaphoriques pour parler du Fils de Dieu : SIGNVM DEI VIVI (Anjou), etc.
Même en prenant le IIS pour le monogramme d'un évêque ou la dégénérescence de quelque chose, il reste la légende qui l'entoure.
Et je n'ai rencontré la légende XPC VINCIT qu'à partir de saint Louis : XPC VINCIT XPC REGNAT XPC IMPERAT.
Donc ce denier de Langres aurait beaucoup d'avance en employant cette légende (un apax total). Une rapide recherche passionnante serait à faire sur l'histoire de la théologie du Christ roi.
En outre sur cette monnaie on aurait une liaison forte entre l'inscription du champ et la légende, puisqu'il faudrait lire : Ihesus Christus vincit.
Au revers, un procédé intéressant qui m'étonne moins : LINCONIS CIVI RE, où les deux derniers mots sont le début de CIVITAS, et le mot REX. J'ai déjà rencontré la pratique suivante : écrire une légende signifiante (Lingonis Civitas) mais la terminer par des lettres qui reproduisent la fin de la légende d'une autre monnaie (LVDOVICVS RE) pour engendre une légère confusion.
Cette substitution de lettres se produit essentiellement de part et d'autres de la croisette initiale.
Le plus bel exemple en est l'imitation par l'évêque de Cambrai Pierre IV d'André, du royal d'or de Jean II le Bon (légende IOhS GRA DEI FRANC REX -- Duplessy 1999, 293), en mettant en légende IOh’ES : LVCΛS-MRCVS : MΛTh’S (P.-Ch. ROBERT, Numismatique de Cambrai, pl. XIV, n° 7).

Cet usage, qui est à la frange de l'imitation, atteste que l'oeil qui se portail sur la légende regardait surtout de part et d'autre de la croisette.

Bref, ce denier inédit de Langres est tout à fait remarquable, et cumule des caractéristiques telles qu'on est tenté de croire à une erreur. Et pourtant il est bien là... et mérite qu'on s'y attarde.

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